La Daronne

 

La Daronne  

Une mère peut gâter ces enfants, mais je ne pense pas que ce soit au même point que maman. C'est fou comme elle prend soin de nous, sans se plaindre. Elle y trouve son bonheur, enfin j’aime à le croire. Cela m'a fait prendre conscience à quel point elle se plie en quatre pour joindre les deux bouts afin de répondre à tous nos besoins. Et j'ai pris conscience de l'importance des détails une fois de plus, ces petites choses apparemment sans grandes significations mais dont leur absence handicaperait le bon déroulement des journées ou la vie des gens concernées. 

J'ai appris à adorer ma mère et encore plus qu’avant, je la respecte. J'ai compris qu'elle ferait n'importe quoi pour ses enfants et ne demande rien en retour. Rien. J'ai compris qu'elle ne demande jamais d'aide, à force de refus je pense. Elle fait tout toute seule et ne s’en plaint jamais. Quand elle sollicite une petite aide, soit qu'on prenne un truc pour elle ou qu'on fasse une chose à sa place, elle essuie des jérémiades de part et d’autre, alors elle fait tout. Ma mère est la définition flagrante du « poto mitan. » 

Ma mère n'est pas du genre à se plaindre de ce qu’elle a ou ce qu’elle n’a pas, elle se contente de ce que Dieu lui donne. Elle dit toujours qu'elle ne travaille que pour manger, tout son argent passe par là, elle fait du commerce juste pour ne pas tout manger d'un coup. Et que c’est nous, ses enfants, qui sommes ses économies. On peut en rire mais c’est vrai.

 Je la regarde et je me dis et si jamais elle meurt sans que je ne puisse la soulager un peu ? Alors, je fais en sorte de me coller à elle à chaque fois que j'en ai l'occasion, d'aller me coucher tout près d'elle pour parler, des gens, de la vie, de sa jeunesse… D'être la première à répondre quand elle a besoin qu'on lui prenne un truc, de l'aider pour sa sortie au marché… Je veux profiter d'elle parce que je suis rarement à la maison. Je voudrais qu'elle profite un peu de la vie en prenant une pause, pour souffler un moment, qu'elle ne s'inquiète pas pour demain.

Parfois, je la regarde et je me dis : et si jamais elle succombe à ses douleurs comme ça, sans prévenir ? Un jour elle est là et l'autre pas du tout ? Non maman, pas encore, tu es trop jeune pour cela, ton sourire ne peut pas se dissiper dans cette vie, pas encore. Tu n'as pas encore profité de moi. Pas du tout. Et c'est tout ce que je demande à Dieu, le Dieu dont elle est si fidèle : la garder en vie et en santé !

@Ydol

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