Impacts des violences de genre sur les jeunes femmes universitaires

 Impacts des violences de genre sur les jeunes femmes universitaires  

OEFE & Rooted In Trust (RIT 2023)



Pour beaucoup de jeunes filles, aller à l’université pour boucler une étude supérieure est un défi majeur dans leur carrière et une ultime fierté pour leurs familles et proches. Certaines de ces jeunes femmes viennent de loin et sont, pour la plupart, les premières à entamer des études supérieures dans leurs familles. Fréquenter un nouvel espace avec des personnes ayant beaucoup plus d’expérience est grisant et la tête plein de rêves, on a tendance à oublier et ne pas pouvoir concilier réalité et aspiration. Soit on se laisse aller à la facilité pour tout lâcher, soit on s’applique à fond.

A force de galérer pour satisfaire leur aspiration et se faire un nom, beaucoup de jeunes filles doivent se battre deux fois plus que les garçons. Dans cet univers gouverné par un excès de testostérone, c’est en fait se heurter à un bras de fer social et mental pour se frayer un chemin. Et au milieu de tout cela, il y a dans ce zoo humain, ce lieu culturel d’une pluralité endogène, des rapports mosaïqués qui confère aux uns le statut de prédateur et d’autres de proie. C’est le cas de certains professeurs qui sont des prédateurs ambulants et cherchent de la viande fraiche. Ces jeunes étudiantes souvent naïves et ignorantes des méfaits qui les guettent sont généralement leurs trophées idéals et la question de consentement ne se posent même pas vu que la pression psychologique et le harcèlement moral puis sexuel est très souvent de mise pour l’obtention des notes de passage.

Dans un forum de discussion réalisé par l’Organisation pour l’Emancipation des Femmes à travers l’Education (OEFE) avec le support de Rooted in Trust en juin 2023, de nombreuses étudiantes ont exprimé leur frustration par rapport à la question de harcèlement et de violence dont elles sont quotidiennement victimes au sein de leur espace universitaire. Ces violences qui ont aussi lieu dans leur vie courante, ne facilite aucunement le fonctionnement en toute sécurité et la santé mentale de ces jeunes femmes qui sont obligées de se construire des armures et des modes de vies contraires à ce qu’elles auraient voulu au fond d’elle-même.

Pour se protéger, elles confient adopter un style vestimentaire religieuse et pas voyant afin de ne pas attirer l’attention sur elles ; certaines se croient coupables de quelque chose et font en sorte de se faire toute petite et d’autres adopte carrément un style d’habits masculin avec les comportements et développer la force physique qui va avec afin d’éviter de se faire harceler, agresser ou violer.

Ces mécanismes mis en place ne sont pas efficaces puisque les bourreaux ne se gênent pas pour opérer en toute quiétude et ce sont les jeunes femmes qui se font incriminer en plus d’être les victimes. En plus de tout cela, il n’y a pas des structures adéquates qui gèrent de manière efficace et efficiente ces genres d’anomalies qui commencent à se normaliser au sein de la société. Les étudiantes ont aussi déploré l’absence d’un organe indépendant au sein des universités où elles pourraient se confier et déposer des plaintes sur le harcèlement et les différents types de violences dont elles sont les cibles permanentes. Les deux organisations de femmes qui reçoivent les plaintes sur les violences sexuelles (les viols précisément) sont basées au Cap-Haitien et n’ont pas la latitude nécessaire pour agir sur ce qui se passe au sein des universités ni pour aboutir à des mesures pouvant restreindre ou mitiger les risques auxquelles sont exposées les étudiantes et qui leur demandent de sacrifier leur bien-être physique et mentale, très souvent au risque de ne pas réussir les examens de fin de session.

Il serait primordial que l’Etat adopte des mesures pour appliquer des sanctions concrètes pour éviter des dérives, évidentes la plupart du temps, et que les écoles et les universités mettent en place des structures pouvant aider les élevés et étudiantes à porter plaintes si elles sont victimes des mauvais agissements de leurs supérieurs hiérarchiques. Ainsi aux organisations féministes, de continuer à faire des plaidoyers pour exiger que l’Etat prenne en compte chaque citoyenne, la possibilité d’avoir une vie normale et que leurs droits à la sécurité, à l’éducation et au respect de leur corps, leur identité en tant que personne à part entière soient respectés. Que les organisations féministes continuent de sensibiliser et de former les femmes, les filles, les garçons et les hommes à apprendre à détecter les actes de harcèlements et de violences et comment agir contre ou comment ne pas reproduire le schéma.

Cette génération doit être une génération de rupture. Une génération qui dit non à la culture du harcèlement et du viol. Il faut donc que tout le monde se mette au travail pour que le respect des droits humains les plus fondamentaux ne restent plus une rumeur mais un fait pour chaque personne vivant sur le territoire haïtien et que ce soit au contraire, les violences et le harcèlement qui restent comme des mauvais souvenirs lointains et malheureux. De vielles rumeurs, toutefois vraies, dont on se sert pour montrer le droit chemin pour la génération future.

 

 

Rodeline Doly, Juillet 2023 

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